Cameroun - Football Coupe du monde 2010 : Comprendre la mafia
Depuis hier que nous avons publié en exclusivité la mafia dans la gestion des retombées de la participation des Lions indomptables à la dernière Coupe du monde, les responsables de la Fécafoot et leurs acolytes à visage masqué, tentent de distraire l’opinion avec des questions de sémantique pour créer la diversion et occulter le fonds du problème. Voici une première analyse des documents mis à votre disposition. (Voir article : Fécafoot : la mafia des milliards de la Coupe du monde 2010)
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Personne de prime abord ne peut contester l’authenticité des documents. C’est un fait, ils viennent de la Fécafoot. Mais la première chose qui frappe dans ces documents, c’est la correspondance du Secrétaire Général de la Fécafoot du 18 septembre 2012. Elle est l’exposé de la naïveté et de la bêtise. Comment comprendre que ce n’est qu’à cette date que la Fécafoot est au courant de la faillite de l’un de ses partenaires dans une affaire de plus de deux milliards, alors que la faillite a été constatée depuis le 26 octobre 2011 par la justice portugaise? Soit il n’ya aucun suivi, soit c’est une lettre n’est que de la poudre aux yeux au cas où les connexions mafieuses s’ébruiteraient. En plus dans cette correspondance, le Secrétaire Général de la Fécafoot nous apprend que l’appel d’offre a été lancé le 28 février 2012. Mais alors comment l’avoir attribué à un partenaire qui, à cette date, était déjà en faillite.
La commission de passation de marché de la Fécafoot n’a donc fait aucun travail prospectif à dessein. Parce que sur la base du dossier et des renseignements, cette commission se serait rendue compte que le partenaire technique et financier qui accompagnait la Société Guimar S.A. était depuis longtemps en faillite. C’est faire preuve de légèreté calculée. Cependant Guimar S.A. qui serait la propriété de l’un des fils de Issa Hayatou, le Président de la Caf, doit être trainée en justice pour faux et usage de faux. Car au moment où il soumissionne pour le marché, son partenaire est en faillite depuis plus de trois mois. Tout ceci dégage une forte odeur d’arrangement entre petits copains qui étaient loin d’imaginer la capacité des uns et des autres à fouiner.
La Fécafoot ne peut pas être excusable de balader plus de deux milliards entre les mains inexpertes. En plus, selon nos sources, les règles de la procédure de passation du marché ont été changées à la fin par Aboubacar Alim Konaté, le Président de cette commission de passation de marché, sous le fallacieux prétexte que l’enveloppe de départ de 2,4 milliards a été revue à la baisse à 1, 7 milliards. En mettant son Cousin à la tête de la commission des marchés de la Fécafoot, Iya Mohammed voulait contrôler de bout en bout les opérations. Et l’entrée en scène de l’un des fils d’Issa Hayatou ne peut qu’avoir des relents de suspicions. Konaté qui, en plus d’être membre du Comité exécutif de la Fécafoot, est Président officieux de la puissante commission marketing, président de la commission des marchés, Président de la Ligue de football du Nord, Représentant de la Fécafoot au Bureau de la Ligue de football professionnel, commissaire de match Caf et Fifa, Président actif dans l’ombre de Cotonsport de Garoua, jusqu’à ce qu’il apparaisse sur la photo officielle de présentation de Aboubacar Vincent à Valenciennes.
Sur la base des documents confidentiels que nous avons publiés, la lettre du Président Iya au ministre des Sport avec pour objet « prime de participation à la coupe du monde 2010 », est un véritable évangile du mensonge et de la diversion. On y apprend en effet que sur l’argent versée par la Fifa aux Lions Indomptables, il reste 2 milliards 700 millions de FCFA. Mais où est passé le reste de l’argent qui était sur le même compte et dont ne parle absolument pas ce document ? La qualification des sélections à la dernière Coupe du monde leur donnait droit à pratiquement 4 milliards de FCFA. Comment a-t-on fait pour se retrouver à deux milliards et à quoi a servi la différence ? C’est ce que la Fécafoot doit expliquer. Même si on prend le coût du dollar à 470 FCFA, on ne tombe pas sur les chiffres que la Fécafoot avance. La lettre de Mohammed Iya au Ministre trahit dans le même temps, la connexion mafieuse qui avait été établie avec le Minsep d’alors, Michel Zoah. Le Président affirme dans sa lettre avoir avancé au ministère des Sports, la somme de 180 millions de FCFA ! C’était pour quoi faire ? Alors que juste après la Coupe du monde, le Premier Ministre a invité le Ministre des Sports, le Président de la Fécafoot et leurs délégations à rembourser le fameux « trop perçu ». Ce qui a du reste été fait.
L’argent avancé donc à Michel Zoah avait quel objectif alors que le Gouvernement avait mis à leur disposition suffisamment d’argent, dont une partie a été remboursée à leur retour ? C’est à ce niveau qu’on comprend aisément la complicité entre l’équipe actuelle de la Fécafoot et Michel Zoah. Alors que le Premier ministre voulait en savoir plus sur la gestion des retombées de la Coupe du Monde, Michel Zoah s’est empressé à concocter un document avec ses complices de la Fécafoot et à le valider à la va vite pour jeter de la poudre aux yeux de Philémon Yang. Dans ce document, il y a des flous incompréhensibles. 400 millions sont prévus pour la « construction des plateformes gazonnées » à Mbalmayo, Garoua, Bafoussam, Buéa, « sous réserve de l’obtention des terrains auprès des communes concernées » !!! Véritable génie de détournement. A quoi seront affectés ces 400 millions de FCFA si les communes concernées ne font pas signe ? Cela mérite une explication.
Autre chose ! Le Centre technique !!!! Après avoir englouti des centaines de millions mis à la disposition du Cameroun par la Fifa dans le cadre du projet Goal, pour construire deux bâtiments infestes à Odza (Nous y reviendrons), la Fécafoot envisage d’y mettre autres millions 600 millions encore pour construire des aires de jeu gazonnées et des bâtiments, en plus des autres 100 millions pour réhabiliter des bâtiments qui viennent d’être construits. Il faut préciser que des pays comme le Rwanda et l’Algérie n’ont pas eu besoin de 600 millions pour construire leur centre technique. C’est avec ce type de rubriques que la Fécafoot prépare son vaste détournement.
Ces lettres, en plus de toutes ces explications, nous donnent quelques enseignements. Michel Zoah et Iya Mohammed qui avaient fait de Samuel Eto’o la bête à abattre au lendemain de ses révélations sur les détournements d’argent autour des Lions, nous montrent pourquoi ils étaient si déterminés. Tombi a Roko qui avait déplacé toute la paperasse de la Fécafoot sur le plateau de Canal 2 pour répondre à Samuel Eto’o, nous indique le sens et le but de la gesticulation. Aujourd’hui, la Fécafoot et ses dirigeants n’ont qu’un seul objectif, chercher le trésor de guerre pour les prochaines élections. Maintenant, si avec tous les documents publiés, la Conac, l’Anif, le Contrôle Supérieur de l’Etat et la Police judicaire ne s’approprient pas le dossier, au moins pour avoir des éclairages, on comprendra jusqu’où remonte la chaîne des complicités.
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